Ernest Laurent, Nu avec fleurs


Ernest Laurent (1859-1929). Nu avec fleurs, 1910. Huile sur toile, 59,8 x 73,1 cm. Musée des beaux-arts, Reims

Dans leur jeunesse, Ernest Laurent et Aman-Jean partageaient un atelier avec Georges Seurat.
Ce fut Laurent qui décida ses deux camarades à visiter les dernières expositions impressionnistes. Le choc qu’ils reçurent les conduisit à consulter des ouvrages théoriques sur la couleur et l’esthétique, en particulier De la loi du contraste simultané des couleurs d’Eugène Chevreul.
Chevreul prétendait que des touches de couleurs dites « complémentaires », c’est-à-dire opposées sur le cercle chromatique, se magnifiaient les unes les autres par un effet de contraste lorsqu’elles étaient placées côte à côte.
Aman-Jean le confessait : « La théorie des complémentaires nous passionnait ».
Les conversations et les travaux des trois jeunes peintres sur le sujet allaient donner naissance à ce qu’on appela « le divisionnisme ».
Alors que Seurat exerçait toutes les ressources de son esprit systématique à explorer les contrastes de couleurs, Laurent et Aman-Jean, tous deux lauréats d’une bourse de voyage au Salon, gagnèrent l’Italie.
Bouleversé par les beautés qui l’entouraient, en particulier par la découverte des Primitifs du Quattrocento, Laurent décida, à son retour à Paris, de concourir pour le prix de Rome.
Malgré la réflexion cinglante de William Bouguereau qui décréta : « Je n’aime pas votre tapisserie », le jeune homme obtint le prix si convoité. C’est ainsi qu’il passa quatre années à la villa Médicis de Rome, à étudier les maîtres anciens de la peinture italienne.
A son retour en France, il eut quelques difficultés à établir sa notoriété ; mais ses tendres portraits féminins suggérés par petites touches, ne tardèrent pas à charmer le public du Salon.